À de nombreuses reprises pendant la rédaction de ce projet, j’ai dû vérifier que je ne délirais pas.
Les conclusions auxquelles j’arrivais étaient si démesurées dans leurs implications que tenter de démêler la situation a souvent semblé une tâche absolument inappropriée pour quelqu’un comme moi.
Les gens inactifs étaient littéralement en train de mourir au bout des respirateurs des soins intensifs, et nous avions collectivement prononcé l’entraînement comme étant non essentiel.
Nous étions en train de nous tuer nous-mêmes.
Et si la transmission aérienne était réellement le mode de propagation dominant des environnements intérieurs, l’entraînement serait stigmatisé comme incontrôlable non pas parce qu’il l’était véritablement, mais parce qu’aucun effort n’était déployé pour contrôler le risque réel.
En remontant dans mes notes, j’ai retrouvé mon plan de l’époque de la première fermeture de nos installations intérieures. Ce plan se résumait en 3 phases :
Phase 1 : Il y a le feu. Tout le monde dehors.
Phase 2 : On n’abandonne personne.
Phase 3 : Construire une nouvelle normale.
L’entraînement ne devrait pas avoir à être défendu. La valeur de l’entraînement me semble trop évidente, ses arguments et ses preuves trop disproportionnellement en sa faveur pour entamer un débat. C’est pourquoi je n’aurais jamais cru nécessaire de me porter à la défense de l’entraînement.
Puis la pandémie de la Covid-19 est arrivée.
Simplement, nos prix sont ce qu’ils sont parce que c’est ce que je crois qui permet d’offrir à nos membres le meilleur service et en même temps le meilleur rapport qualité/prix.
Je m’explique (mais la réponse ne sera pas aussi courte) :
À notre avis, le problème vient du fait que la quasi-totalité des modèles d’affaires des gyms présente au moins deux obstacles majeurs:
1. La structure de l’entreprise n’est généralement pas orientée vers la relation coach/membre à long terme et
2. Il est habituellement impossible pour un entraîneur de recevoir une rémunération professionnelle.
Il existe une sorte de mutualisme obligatoire entre les membres, les entraîneurs, et l’entreprise. Nous avons appris qu’il est nécessaire d’orienter nos décisions et de structurer notre service pour qu’il soit bénéfique pour tous.
Avec le temps, nous avons appris à respectueusement tenir le cap. Nous avons appris à rester ouverts, mais à ne pas être faibles dans notre détermination à mettre en œuvre des solutions qui ont réussi à survivre à ce barrage de doutes et de questionnements.
La motivation générée par une émotion d’insatisfaction n’est pas durable, ou du moins constante. Nous avons appris que si les membres passent les portes de notre gym avec un besoin criant, ils restent parce qu’ils se sentent bien, parce qu’ils font partie d’une gang positive.
